Pourquoi la musique nous fait nous sentir bien : elle délivre des anti-douleurs

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9 septembre 2016 – Sexe, drogue et rock’n roll. L’émission des substances sédatives naturelles du cerveau rend les deux premières expériences agréables. Il semble cependant que ces deux opioïdes sont également responsables d’une myriade d’effets produits par la musique sur l’humeur, la douleur et le bien-être, nous offrant des indices sur la manière dont nous pouvons en exploiter les bienfaits.

Comme d’autres expériences agréables, deux composants se distinguent lorsque nous écoutons de la musique : l’anticipation d’écouter notre morceau préféré,  le fait même de l’écouter. La présence de dopamine, signalée par notre cerveau, et qui est liée à la récompense, est impliquée dans les deux phases. Mais les spécialistes des neurosciences se demandent depuis des décennies s’il n’y aurait pas autre chose. Quel élément donne à la musique le pouvoir de produire chez nous l’euphorie?

Les opioïdes naturels sécrétés par le cerveau pourraient être la clé. Une expérience menée par l’équipe de Daniel Levitin de l’Université McGill de Montréal au Canada à montré que le fait de bloquer les signaux des opioïdes dans le cerveau par l’administration d’une substance nommée naltrexone réduit le niveau du plaisir éprouvé à l’écoute de notre morceau favori. Le plaisir anticipé de l’écoute du morceau est toujours présent, ce qui permet de penser que, bien que la dopamine joue un rôle, c’est uniquement lorsque les opioïdes sont sécrétés que la musique commence réellement à avoir un effet sur notre cerveau.

Un afflux d’opioïdes pourrait aussi expliquer l’effet de la musique sur notre corps. Il est couramment admis que le fait d’écouter de la musique permet de repousser les seuils de douleur des individus, si bien que, dans certains cas, elle peut être utilisée pour réduire les doses requises d’analgésiques, tels que la morphine.

Robin Dunbar de l’Université d’Oxford pense que les résultats de Levitin, présentés à la conférence de la Société pour la perception et la cognition de la musique à Nashville, contribuent à confirmer le fait que les opioïdes constituent le vecteur des pouvoirs de la musique. Ses recherches montrent que la participation active à la musique semble en renforcer les effets – le chant, la danse ou le fait de battre la mesure permettent de repousser le seuil de la douleur d’une personne de façon plus significative qu’une simple écoute.

Il s’agit là d’un effet que Tom Fritz, de l’Institut Max Planck des sciences cognitives cérébrales à Leipzig, en Allemagne, et Daniel Bowling, de l’Université de Vienne en Autriche, tentent d’exploiter. Ils travaillent avec une machine “jymmin”, un type spécial d’appareil d’exercice qui permet de combiner l’écoute de la musique à  des exercices de lever de poids. Les sons changent à mesure que l’utilisateur pousse plus fort, et le rythme de la musique correspond à celui de leur séance d’entraînement. “Cela rend la musique vraiment agréable – vous avez vraiment l’impression de vous exprimer totalement à travers la musique”, rapporte Fritz.

Ils ont montré que, après 6 minutes d’utilisation de la machine, le montant de l’effort accompli, tel qu’il est perçu, chute de moitié. Comme ils l’ont déclaré lors de la conférence, le fait de faire des exerices sur ces machines semble également repousser le seuil de la douleur d’une personne davantage que lors d’un classique entraînement accompagné de musique.

Leurs expériences tendent une fois de plus à démontrer que les opioïdes sont impliqués. “Il s’agit là d’une nouvelle pièce apportée au puzzle”, déclare Bowling. “Personne n’a besoin d’un neuroscientifique pour savoir que la musique peut être vivifiante, vous être extrêment agréable ou provoquer la tristesse, mais cela est une étape passionnante pour la recherche sur les fondements biologiques de la musique”.

Fritz travaille sur un logiciel qui peut fournir une “rétroaction musicale” similaire aux utilisateurs, qui, d’après lui, pourrait aider à soulager la douleur chez les personnes qui se remettent d’un accident vasculaire cérébral ou de leur addiction à certaines drogues. Certains hôpitaux utilisent déjà la musique pour remédier à l’anxiété avant une intervention chirurgicale, et pour soulager la douleur après l’intervention. Mais Sven Bringman de l’Institut Karolinska en Suède pense que son utilisation peut aller encore plus loin. “La musique n’est pas utilisée autant qu’elle le devrai parce que cela prend plus de temps à une infirmière que de simplement donner un sédatif.”

Bien que la musique n’ait pas été encore été pleinement exploitée cliniquement, Levitin dit que nous bénéficions régulièrement de ses bienfaits sur notre cerveau. “Beaucoup de gens utilisent la musique pour réguler leur humeur toute la journée. Nous utilisons la musique pour créer la bande sonore de nos vies”, dit-il.

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Musicothérapie pour tous

Les effets bénéfiques de la musique ne sont pas seulement liés à la façon dont nous gérons la douleur. Certaines personnes utilisent la musique pour contrôler leur humeur comme s’ils consommaient de l’alcool ou de la caféine, dit Daniel Levitin de l’Université McGill.

“Nous sommes plus enclins à écouter un certain type de musique lorsque nous voulons démarrer notre journée, et un autre type de musique par exemple lorsque nous voulons nous calmer à la suite d’une dispute,” dit-il.

La musique semble également avoir un impact sur notre système immunitaire, affectant des molécules immunitaires telles que les leucocytes, les cytokines et les immunoglobulines.

Prenons un cas qui nous est bien familier: la musique a la capacité de déclencher des souvenirs – une caractéristique qui semble même être préservée chez certaines personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Des chercheurs de l’Université de Californie à Davis, ont constaté que si les souvenirs musicaux évoqués ont tendance à être moins vifs que ceux déclenchés par d’autres moyens, nos souvenirs ont tendance cependant à être heureux.

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